Devenir entrepreneur : Pourquoi je me suis lancé [témoignage]
Pierre Bogenschütz dirigeant de la société Veyan
Pierre Bogenschütz, lauréat de la 5ème édition du concours Cap Réussite à Nantes, nous dévoile comment il a sauté le pas du salariat à l’entrepreneuriat.
Il crée en 2017, Veyan, une société de conseil en Cybersécurité.
Pierre et son associé Hervé aident les sociétés de toutes tailles à prendre conscience des risques cyber qui pourraient mettre en péril leurs activités économiques. En effet, il est assez rare de rencontrer aujourd’hui une société qui n’a pas subi une attaque plus ou moins grave de ses systèmes informatiques.
Le temps d’une interview, Pierre a fait une pause dans son quotidien d’entrepreneur. Passionné par son métier, il mène une vie à 100 à l’heure, mais il n’en a pas moins la tête sur les épaules. Veyan, sa société occupe 10 h à 15 h de son quotidien, et régulièrement 6 jours de ses semaines. Ce bourreau de travail n’en perd pas pour autant son sourire et sa bienveillance. Il m’a patiemment fait découvrir son univers et les rouages de son métier et comment il appréhende cette nouvelle vie de chef d’entreprise.
Monter son entreprise : à quel moment a-t-on le déclic ?
Avant de me lancer, j’étais salarié d’un grand groupe, évoluant dans le même secteur d’activité que ma société actuelle : les services IT (système d’information).
Je suis plutôt actif et dynamique et j’aime aller vite dans mes choix ; pourtant devenir entrepreneur n’est pas une décision que j’ai prise sur un coup de tête. Ce fut plutôt le fruit d’un cheminement logique.
Je suis devenu chef d’entreprise parce que c’est la somme de ma volonté d’indépendance, d’une très forte envie de défendre mon projet, et plus que tout, d’intégrer mes valeurs à mon univers professionnel.
Mon projet, j’ai vraiment commencé à le tisser en 2015, deux ans avant la date d’immatriculation. Comme pour beaucoup d’entrepreneurs, la démarche de fonder ma propre société vient d’un élément déclencheur.
Pour moi, il y a eu deux moments clés:
- Le 1er, c’est le jour où mes valeurs et mon travail de salarié sont devenus incompatibles.
- L’autre élément déclencheur est la rencontre avec mon associé Hervé Degroot. Cette rencontre a concrétisé le début du développement du projet et la naissance de l’entreprise Veyan. Ensemble, nous partageons les mêmes valeurs et une réelle complémentarité du métier de la cybersécurité.
La cybersécurité, un terme abstrait pour beaucoup, un domaine d’activités en plein essor
À l’heure du tout numérique et des objets connectés, les usages et habitudes évoluent rapidement.
Beaucoup d’escrocs l’ont bien compris eux aussi. Les vols et escroqueries en tous genres ne sont pas nouveaux dans les systèmes informatiques et il s’avère assez simple d’arnaquer les entreprises et duper les internautes.
La cybercriminalité est une activité plus rentable que le commerce de drogue mondial.
Davantage de monde sur la toile, ça veut dire plus de cibles potentiels. En 2019, dans le monde, on comptera une entreprise victime d’une attaque de type ransomware toutes les 14 secondes.
En France, les entreprises ont, pour la plupart, entamé leurs transitions numériques. Cependant, tous les dirigeants n’ont pas conscience des enjeux liés à la sécurité de leurs systèmes informatiques.
Il y a une vraie disparité entre les grands groupes et les PME :
- Les grandes organisations ont intégré les grands principes de la cybersécurité, même si dans ce domaine, le travail est à mettre à jour continuellement.
- Concernant les PME, c’est un autre discours : plus de 7 PME sur 10 ont déjà subi une cyberattaque, mais plus de 8 entreprises françaises sur 10 se sentent peu ou pas exposées… Vous aussi, vous voyez le malaise ?
Avec mon associé Hervé, nous sommes les premiers témoins de ce manque d’anticipation. Les sociétés font appel à nous lorsqu’il est déjà trop tard et que les données sont déjà perdues ou irrécupérables.
Notre métier est technique, c’est sûr, mais nous faisons aussi beaucoup de pédagogie pour que les dirigeants adoptent une prise de conscience avant d’avoir à estimer et réparer les dégâts d’une cyberattaque.
Quel est ton discours pour initier ces décideurs à ton métier ?
La cybersécurité regroupe toutes les activités pour sécuriser les informations des organisations.
Plus simplement, j’aime faire la comparaison avec la voiture. En effet, cette analogie parle à tout le monde.
Lorsqu’on utilise sa voiture, le risque de crevaison n’est jamais nul. Pourtant, on peut faire en sorte que le risque diminue et réduire la probabilité d’une crevaison.
Il est possible de faire le choix d’une certaine qualité de pneus :
- plus robustes,
- adaptés au véhicule,
- aux types de route empruntés,…
On peut aussi adopter de bonnes pratiques :
- éviter de rouler sur des bouts de verre, des clous,
- ne pas prendre de trottoirs à vive allure,
- se garder de rouler sur les bas-côtés,
- entretenir régulièrement les pneus en les gonflant à la bonne pression, …
Enfin, il est vivement conseillé d’avoir une roue de secours, une bombe anti-crevaison et idéalement avoir pu faire un exercice “à blanc” de l’utilisation de l’une ou l’autre de ces solutions.
La crevaison est toujours possible. Mais maintenant, vous avez un plan !
C’est toujours un incident embêtant, provoquant un retard d’une demi-heure, mais absolument pas un désastre majeur…
Pour la cybersécurité, c’est pareil !
Notre action chez Veyan consiste à travailler sur ces trois aspects : robustesse intrinsèque du système informatique, sensibilisation et bonnes pratiques des collaborateurs, et résilience après attaque pour un redémarrage avec un niveau de perte acceptable.
Avec Hervé, nous avons constaté qu’il y avait une certaine perplexité de la part des dirigeants de société vis-à-vis de notre métier. Nous travaillons très en amont de nos interventions pour éduquer nos clients.
Notre métier doit être expliqué simplement. Nous nous démarquons, sur ce point de nos concurrents, par le niveau de confiance que nous obtenons dans nos échanges avec nos clients. Pour nous, il est indispensable pour réussir nos missions d’instaurer un climat propice à la collaboration !
Est-ce facile selon toi, de devenir entrepreneur aujourd’hui ?
Administrativement parlant, c’est très facile de créer sa propre entreprise. C’est ensuite que viennent les difficultés.
Il y a de 2 sujets essentiels à prendre en compte : la survie et le développement de la structure.
Pour qu’une entreprise soit viable, futurs entrepreneurs, je vous conseille d’accorder un soin particulier au positionnement de votre activité et de votre modèle économique. Ayez une idée du service ou du bien que vous voulez proposer et une première idée du prix que vos clients potentiels seront prêts à payer.
Vous pourrez détecter s’il y a adéquation ou non entre le coût de votre produit et/ou service à proposer et son prix de vente.
Ensuite, vient la pérennité de l’activité.
Pour moi, cela se traduit par la multitude de compétences nécessaires à intégrer, par la capacité du créateur à bien s’entourer et à disposer des moyens économiques nécessaires.
Monter son entreprise aujourd’hui, c’est avoir de nombreux savoir-faire aussi divers que :
- communication,
- recherche d’antécédent dans la création d’une marque,
- commercialisation,
- gestion,
- recrutement,
- management de prestataires (informatique, communication, papeterie, expert-comptable, avocat…).
Si vous êtes sur le point de monter votre entreprise, ces questions se poseront à vous et seront déterminantes. Dans les premiers mois de vie d’une nouvelle entreprise on peut avoir l’esprit focalisé sur son idée, son projet. Les savoir-faire évoqués sont pourtant des points qu’il ne faut absolument pas négliger et remettre au centre de la table chaque jour !
Tu es accompagné par Cap Réussite depuis mars 2018. Comment le mentorat aide à devenir un entrepreneur ?
Je te remets dans le contexte.
Chez Veyan, nous sommes deux associés, Hervé Degroot et moi. Notre complémentarité et notre bonne entente nous portent à nous investir sans compter pour notre entreprise.
Hervé est très occupé dans la réalisation de nos missions d’accompagnement et c’est à moi qu’incombent les tâches d’orientation stratégique de nos activités et de positionnement sur notre marché.
Cap Réussite m’a mis en contact avec deux mentors pour m’accompagner dans mes premiers pas de dirigeant d’une jeune entreprise.
Rodolphe et Pierre-Antoine me sont d’une aide précieuse pour faire le point avec moi-même lorsque je dois leur faire état de là où j’en suis. Ils sont à l’écoute et nos discussions sont aussi le moment d’un échange où se matérialisent des solutions et des pistes à explorer.
Chacun dans leur domaine, ils m’apportent un soutien, tantôt pour fixer des limites à un investissement personnel qui soit tenable dans la durée, soit pour challenger une réorientation sur notre manière de contractualiser, ou encore pour échanger sur les solutions qui pourraient booster la croissance de Veyan…
Le mentorat est un outil très confortable pour une personne qui se lance dans l’entrepreneuriat. C’est positif de ne pas être seul dans cette aventure. Il permet de trouver une oreille attentive pour échanger, et de bénéficier de leurs retours d’expérience.
On voit que tu te donnes à fond pour ton entreprise. Que fais-tu en cas de coup dur ?
J’ai tendance à me réfugier dans le sport, si possible en bord de mer !
J’ai une passion pour la mer et la pratique de la voile. Je trouve facilement plus de recul sur une situation après une session de surf ou une sortie à la voile. Les bureaux de Veyan sont à Guidel, près de Lorient, je suis donc rapidement sur l’eau.
Ça me permet de remettre le jeu au cœur de mes décisions et d’évacuer le poids de la fonction de chef d’entreprise pour me focaliser sur le ludique. Le sport et l’activité physique en générale sont très souvent mes meilleurs conseillers.
La voile m’apporte également beaucoup sur la gestion de l’incertitude, où le vent n’est pas visible, mais seuls des signaux faibles matérialisent sa direction, sa force et ses changements… Mais c’est un autre sujet…
As-tu une devise ?
Les choses les plus simples sentent tellement bon la vie.
C’est une phrase qu’une amie de mes parents avait écrite sur un livre offert pour le rétablissement de mon père après un grave accident de voiture.
J’aime cette phrase parce qu’elle permet de relativiser les contrariétés rencontrées et de souffler l’optimisme et la légèreté sur les décisions qui doivent souvent être prises rapidement.
En résumé, il est relativement facile de créer sa propre entreprise, il faut cependant avoir une idée de ce que l’on veut vraiment proposer et savoir s’entourer des compétences nécessaires.
Écoutez Pierre et ne vous lancez pas tête baissée.
La motivation profonde du créateur pour cette aventure et une bonne estimation des ressources (financiers et/ou compétences) qui lui seront nécessaires sont les indispensables pour la réussite du projet.
Si vous aussi, comme Pierre, vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté pour développer votre entreprise, découvrez tous les personnes mentorés par Cap réussite depuis 2015.