Mentor : La posture à adopter et les « dragons » à surmonter ?
Quel dirigeant d’expérience n’a pas souhaité, dans un élan de générosité et de partage, faire profiter de son expérience un jeune entrepreneur en devenant son mentor ?
Alors qu’il est amené, en tant que dirigeant, à prendre des décisions, il va lui falloir, en tant que mentor, faire preuve d’humilité et d’écoute …
Découvrez ce qu’en dit un expert canadien du mentorat Pierre Paul GINGRAS.
“Quelques orientations essentielles pour au dialogue mentoral pour le mentor :
- Maintenir une présence de qualité; regarder le mentoré qui lui regarde sa situation (le focus est sur le mentoré, la situation lui sert d’occasion de se développer, de devenir);
- Être engagé envers le mentoré, mais détaché de ses décisions (crée un espace de liberté et de respect pour le mentoré – dévoilement de soi);
- Laisser au mentoré le soin de décider du contenu des échanges et de ses priorités. Suivre la logique interne du mentoré, renoncer à imposer sa propre logique, à s’attribuer le pouvoir de lui donner des « devoirs », de demander des comptes, ou de faire l’évaluation de ses progrès (sentiment d’auto-efficacité et estime de soi du mentoré); En mentorat, l’autorité appartient à l’aidé, non à l’aidant; contrairement au parrainage, au tutorat, ou au coaching;
- Ne prendre en charge ni le mentoré, ni les situations auxquelles il a à faire face. Ni faire à sa place (sauveur) ni fournir de prescriptions (expert). Lui faciliter d’aller plus loin dans sa réflexion (manifester la confiance de laisser le mentoré expérimenter l’Angoisse — ce mal de ventre — associé à la prise en charge libre de son devenir).
- Poser et conserver un regard positif et bienveillant sur le mentoré, (un regard de vie) qui prend en compte son potentiel non encore développé, sans condescendance ou sentiment de supériorité (soutien qui lui permet d’oser faire face à l’angoisse, en prenant appui sur la confiance manifestée par le mentor — sentiment de valeur personnelle).
Les menaces au dialogue mentoral
L’expérience des mentors démontre que 3 réflexes les habitent. Ces réflexes menacent de transformer des personnes bien intentionnées en mentors non-aidants. Ils semblent nous habiter tous, on ne peut les éliminer. Mais en en prenant conscience, on peut réduire leurs impacts néfastes. Nous les appelons les 3 dragons. Les voici en bref :
Le dragon de l’impulsivité le fait réagir plutôt qu’agir. Le mentor improvise à partir de ses réflexes habituels et de sa façon de solutionner les problèmes. Il a toujours une justification pour une posture non mentorale : « Quand quelqu’un est en difficulté, je ne vois pas d’intérêt à l’y laisser, alors que j’ai la solution pour lui ». Ou bien : « puisqu’il est en difficulté, c’est bien la preuve qu’il ne peut s’en sortir seul ».
Le dragon de la toute-puissance lui fait croire que sa perception de la réalité est LA vérité. Lui sait. Il doit amener le mentoré à LA comprendre. Il n’est plus dans l’écoute, mais veut faire voir au mentoré la réalité en face : celle du mentor. « Ça fait 25 ans que je fais ce métier, je sais quand même comment ça se passe! » ou : « Si je vois qu’il va dans un mur, faut que je lui dise! »
Le dragon de l’orgueil lui fait croire une chose et en faire une autre. Derrière la respectable intention de « donner au suivant », d’accompagner le mentoré tel qu’il est, sans attentes, le mentor se considère responsable de ses progrès. Il prend en charge sa réussite. Après tout, le mentor a son aura personnelle de gagnant à protéger. Donc lorsque cela ne va pas à son goût, il ne peut laisser le mentoré faire tel qu’il est (« faire n’importe quoi » pense le mentor)… Surtout il n’a « pas de temps à perdre » avec le mentoré qui n’est pas à la hauteur de ses attentes, et ne tiendrait pas compte de ses « excellentes » recommandations. Le mentoré se doit d’aimer ce que le mentor donne.”
Pierre Paul Gingras est Conseiller Sénior Efficacité Organisationnelle et mentorat.
Faire progresser le dialogue mentoral en gagnant en connaissance
Nous remercions l’organisation Mentorat Quebec pour la qualité des documents fournis lors du mois du mentorat, en janvier 2021. La qualité de la réflexion sur les relations entre mentor et mentoré est très avancée. Celle-ci nous pousse à nous améliorer encore dans notre approche du mentorat.