Un mentor : c’est quoi ? J’ai demandé à 8 experts

Un mentor : c'est quoi ? J’ai demandé à 8 experts

Selon wikipédia, la définition d’un mentor vient de la mythologie grecque. « Mentor est le précepteur de Télémaque et l’ami d’Ulysse. Par assimilation, un mentor est un conseiller expérimenté, attentif et sage auquel on fait entièrement confiance. Il ne faut pas confondre « mentorat » et « coaching » qui sont deux concepts différents. »

On comprend l’enthousiasme des créateurs et repreneurs d’entreprise à se faire aider par le mentorat, mais qu’est ce qui pousse une personne à devenir mentor ?

Et un mentor, ça sert à quoi ?

Le fond de dotation Cap Réussite met en relation mentors et mentorés depuis 2015. Ils sont près de 25 chefs d’entreprise à avoir endossé ce rôle d’accompagnant de jeunes chefs d’entreprise.

Aujourd’hui, nous donnons la parole à 8 d’entre eux pour évoquer avec nous leur parcours de mentor.

1. Un mentor, ça sert à quoi ?

Alexandre Hénon, Expert en relation d’affaires chez Groupama

“Un entrepreneur, aujourd’hui, doit être bon partout pour réussir. Il doit savoir développer son offre, communiquer, faire les devis, la facturation, etc.

Au départ de cette aventure, un jeune chef d’entreprise est souvent seul et investi à 100 % dans son projet. C’est dans ces moments qu’il est pourtant primordial de lever la tête et prendre du recul sur le quotidien. C’est là qu’intervient le mentor !”

Marie Delaruelle, fondatrice et dirigeante d’Un Coin de Prairie

“Un mentor, c’est la possibilité pour le jeune chef d’entreprise d’avoir un retour d’expérience concret et qui ne repose pas seulement sur des questions techniques.

J’ai été dans cette situation et j’ai eu la chance d’être mentoré par André Rodriguez en 2013. C’est important lorsqu’on démarre son activité d’avoir quelqu’un qui nous encourage et nous accompagne en cas de coup dur. Avec un mentor, on n’a pas de compte à rendre. Je dirai que c’est un ami d’expérience, de bienveillance.”

2. Pour quelles raisons on devient mentor ?

Thomas Guilbaud, co-gérant de Bourgeois et Cie

“Pour ma part, c’est en lien avec le CJD de Nantes. On avait échangé entre nous sur le mentorat, je ne connaissais pas et ça a piqué ma curiosité. Catherine et André sont venus ensuite faire une présentation et le courant est bien passé. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas y aller ?

J’ai été le mentor de Vedha en 2017 et je trouvais bien de pouvoir partager des points techniques et lui donner des tuyaux pour l’export, car c’est ce qu’on fait au quotidien dans ma société. Pour moi, le partage est quelque chose ancré. On transmet les connaissances à nos collaborateurs, on le fait aussi à travers l’apprentissage et aussi dans notre sphère privée avec des conseils pour nos amis. “

3. Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon mentor ?

Stéphanie Chevalier, directrice commerciale associée chez Altan Print

En tout premier lieu, je dirais, une envie de partager des connaissances de pair avec une véritable disponibilité.

Dans un second temps, c’est faire preuve d’empathie et bienveillance tout en gardant à l’esprit que nous accompagnons le mentoré et que notre rôle n’est pas de faire pour lui. Il est indispensable pour le mentor de laisser les rênes et le mentoré libre de ses choix même si ce ne sont pas ceux que nous aurions choisi nous-même. Pour finir, de l’humilité.

Thomas Guilbaud, co-gérant de Bourgeois et Cie

La première qualité du mentor est de savoir écouter, c’est le plus important. Cette écoute active permet de d’ouvrir les échanges entre le mentor et son mentoré. Elle permet d’apporter des réponses les plus cohérentes possibles en toute humilité.

La seconde qualité est d’avoir vécu soi-même des déconvenues et gamelles professionnelles. Elles nous aident à avancer, elles peuvent aussi être profitables pour un mentoré. Je pense que ce type d’expérience aide à être un bon mentor.

4. Quelles sont les limites du mentorat ?

Pierre-Yves Loaëc, Dirigeant Nobilito agence communication et Président CJD Nantes

“Le mentorat n’est pas un savoir-faire, mais un savoir-être. Il ne se base pas sur une évaluation par rapport à une grille ou un référentiel, mais il basé sur du ressenti, de l’observation, de l’émotion. En tant qu’humain, nous sommes tous faillibles, et on peut passer à côté de quelque chose. Ce sont les limites de notre propre expérience ou compétence.”

5. Quel est l’intérêt d’être mentor ? Comment s’y retrouver personnellement dans cette démarche ?

Un mentor c'est quoi J’ai demandé à 8 experts André Rodriguez, mentor depuis toujours échange avec Dominique et Hélène sur leur projet Atelier d’Helzio.

Pierre-Yves Loaëc, Dirigeant Nobilito agence communication et Président CJD Nantes

“Selon moi, il y a deux réponses, l’une policée et l’autre spontanée.

Dans la première réponse, le mentor est en position de transmission. Le mentorat permet de rendre un peu de ce qu’on a pu recevoir.

Mais spontanément, je dirais que cela a un effet miroir pour le mentor. Cela permet une mise en situation que l’on n’a pas forcément rencontrée dans notre entreprise. Une façon de voir évoluer une situation RH, stratégique à laquelle on n’a pas été confronté. Mentor, nous apprenons aussi grâce au parcours du mentoré.”

Stéphanie Chevalier, directrice commerciale associée chez Altan Print

“Pour le mentor, il n’y a pas d’intérêt économique, mais surtout un intérêt humain, d’entraide et surtout de bienveillance. À titre personnel, cette action est gratifiante, car on se dit que le partage le don de soi est aussi une forme d’amour de l’entreprenariat. Accompagner l’autre dans son projet est aussi grandir soit même en tant que dirigeante.”

Julien Barcet, Responsable du développement de l’Agence Ouest, GERIM

“L’intérêt, partage d’expérience mutuel. Un enrichissement personnel. La rencontre avec Jessica m’a fait découvrir un nouveau secteur d’activité, que j’ai envie de faire découvrir à d’autres.

Il faut avoir envie et être prêt à apprendre des autres pour être mentor.”

Alexandre Hénon, Expert en relation d’affaires chez Groupama

“Etre mentor, c’est surtout une aventure humaine dont je tire des bénéfices personnels. Je suis convaincu que nous nous enrichissons des autres et que le principe de symétrie des attentions s’applique au mentorat. La qualité de la relation entre un mentoré et son mentor est symétrique de la qualité de la relation de ce mentoré avec l’ensemble de ses clients, fournisseurs, collaborateurs.

Mon leitmotiv : faire réussir les autres et toujours donner plus que ce que nous recevons.”

6. Est ce que le rôle de mentor trouve un écho en dehors de la relation mentor/mentoré ? Ou mentor un jour, mentor toujours ?

Alexandre Hénon, Expert en relation d’affaires chez Groupama

“Être mentor, c’est avant tout un état d’esprit. Vous ne mettez pas la « casquette » de mentor avant votre rencontre avec votre mentoré pour l’enlever aussitôt la rencontre terminée. Le mentorat nécessite, à mes yeux, d’être ouvert, curieux et surtout d’aimer la relation humaine. Donc, en effet, le rôle de mentor trouve un écho un dehors de la relation mentor/mentoré. La structure des rencontres, l’envie de connaître, comprendre, soutenir et accompagner sont des actes que je retrouve au quotidien dans ma vie professionnelle et personnelle.”

Pierre-Antoine Charpentier, directeur général de Sidan, concession de poids lourds et utilitaires

“Je suis au CJD de Nantes depuis 10 ans et nous avons pour habitude de s’accompagner mutuellement et d’échanger sur nos problématiques. On peut dire que j’ai cette fibre. Mais à ce jour, je n’ai pas d’autre personne sous mon aile tel que Pierre.

Je ne me sens pas mentor, mais accompagnant. Selon moi, je ne suis pas encore un mentor, mais ça viendra avec plus d’expérience, de temps, de recul.

En tant qu’accompagnateur, on a un rôle délicat. Il faut mettre sa personnalité et son ego de côté pour écouter et trouver des questions qui vont aider le mentoré. Il faut bien garder en tête “je ne suis pas à sa place, c’est lui qui va trouver des solutions. Mon rôle est de permettre à Pierre de se découvrir. C’est ça le plus important.”

7. Concrètement, combien de temps ça prend d’être mentor ?

Pierre-Antoine Charpentier, directeur général de Sidan, concession de poids lourds et utilitaires

“Je ne saurais pas le mesurer, mais c’est peu. On s’adapte en fonction de nos emplois du temps respectif avec Pierre mon mentoré. Peut-être 1 h par mois, mais ce n’est pas régulier.

La dernière fois, c’était 1 h 30, la fois d’avant 3 h et on a déjeuné ensemble, ce week-end, j’ai pensé à quelque chose pour lui et on a passé 20 minutes au téléphone.

Lorsque je suis avec Pierre, c’est un moment qui lui est dédié. Je ne vois pas cette mission comme un cahier d’exercices. Je propose des pistes et c’est Pierre qui fait le boulot. Pour moi, chaque rencontre est un moment convivial, qui me permet de découvrir une personne.”

8. Quels sont les devoirs d’un mentor ?

Delphine Bernard, Directrice d’Agence Adwork’s

“Grâce à Cap Réussite, j’ai pu mettre en place une relation de soutien dans la réalisation d’un projet et un suivi et conseil dans les actions et démarches visant au développement de Samuel.

Nous avons eu des points réguliers pour mesurer l’efficacité des idées et actions préalablement définies ensemble.

De ce fait, pour moi, les devoirs du mentor sont :

  • Écouter activement son mentoré afin de bien comprendre son projet et commencer à bâtir un plan d’actions
  • Partager ses expériences pour instaurer un climat de confiance et communiquer ainsi sur la construction étapes par étapes du projet
  • Savoir prendre du recul pour continuer à conseiller, guider et soutenir le mentoré afin de le laisser prendre seul ses décisions. Poser des questions pour amener le mentoré à solutionner des problèmes par lui-même.”

Marie Delaruelle, fondatrice et dirigeante d’Un Coin de Prairie

“Qualité première : bienveillant : c’est un état d’être qui doit faire partie de la personne. Il faut faire attention, car on peut vite avoir un ascendant, être trop intrusif. Il faut rester impartiale et les conseils doivent rester bienveillants, il y a un devoir de réserve à avoir.

C’est le mentoré qui va donner la tonalité de son mentorat, il donne la psychologie de son besoin. Le mentor met à disposition son expérience, et le mentoré prend ce dont il a besoin, il faut faire preuve d’humilité.”

9. Être mentor, d’accord, mais jusqu’à quand ?

Marie Delaruelle, fondatrice et dirigeante d’Un Coin de Prairie

“Là encore, je me réfère à mon expérience de mentoré. Avec André Rodriguez, mon mentor, les relations sont moins formelles qu’au départ, mais toutes aussi intenses. On pourrait surnommer André, “Madame Irma”, car tout ce qu’il avait prédit pour mon entreprise est arrivé.

Pour que cette relation dure dans le temps, les deux parties doivent s’y investir. C’est une relation qui s’entretient. Chaque nouvel échange est un moment privilégié, un temps de pause dans sa vie d’entrepreneur.

Une relation de confiance qui se base sur l’engagement de deux personnes. Ce sont des relations nourries.”

Pour conclure sur le rôle d’un mentor chez Cap Réussite

En se basant sur l’ensemble de ces témoignages, on se rend compte que l’on est mentor bien avant de le savoir. C’est déjà en vous !

Grâce au mentor, la personne accompagnée aura plus de chance de voir son projet grandir plus vite et se pérenniser.

Le mentorat fait grandir l’autre : mentor et mentoré sortent plus forts de cette expérience.

Si vous aussi vous avez cette fibre de mentor et vous souhaitez partager votre expérience avec un jeune entrepreneur, Cap Réussite est fait pour vous !